Raconte-moi que tu as vu l’Irlande

Mike Burns

Le temps que je vous conte, ce n’est pas votre temps, ce n’est pas mon temps non plus, mais c’est bien celui de quelqu’un. Dans ce temps-là, il y avait en Irlande un maçon, il s’appelait Gobán Saor.
C’était le meilleur maçon qui n’avait jamais habité sur cette terre, ç’en était effrayant, tellement il était bon ! Un bonhomme qui pouvait vous tailler une pierre aussi bien qu’il pouvait vous tailler un conte. C’est lui qui avait fait toutes les tours rondes en Irlande, du temps où les Vikings venaient terroriser les faisans, les paysans ou je ne sais quoi encore. Après ça, il avait décidé d’entreprendre la construction de châteaux. Il faut dire que chaque château qu’il construisait était mieux que celui qu’il avait fait avant.
Le Gobán Saor était reconnu à travers l’Europe. Pas étonnant que le roi d’Angleterre ait entendu parler du bonhomme. Il s’était même dit que ce serait une maudite bonne idée s’il pouvait faire venir le Gobán Saor en Angleterre pour qu’il lui construise le plus beau château du monde. Ce que le roi avait en tête, par contre, c’est qu’aussitôt le château terminé, ç’en serait aussi terminé de Gobán, de manière à ce que jamais personne ne puisse plus avoir un aussi beau château que le sien.

Mike Burns conte les yeux fermés, d’une voix grave et vibrante, des récits issus de la plus pure tradition irlandaise. Il intercale français, anglais et gaélique. Pour le français, il a tenu à puiser directement à l’oralité du Québec afin de conserver à ses récits un goût de terroir, l’authenticité de la langue du peuple, celle de ses luttes mais aussi de ses aspirations.
En bon Irlandais, Mike Burns fait également œuvre d’humour. Il joue donc avec les mots et « valorise les calembours et les locutions mémorables, sortes de chorégraphies verbales que l’on peut considérer comme un trait distinctif au sein de la culture européenne », dira-t-il lui-même en prologue de son livre. Mike Burns a le même souffle, la même poésie narrative dans le livre que sur le CD. Dans les deux cas, le récit commence ainsi : Le temps que je vous conte, ce n’est pas votre temps, ce n’est pas mon temps non plus, mais c’est bien celui de quelqu’un. On croit alors aussitôt voir notre conteur assis sur une chaise de bois, comme il le serait sur le tabouret d’un pub ou la banquette d’un roi.

Livre - CD


 

64 pages
ISBN: 
2-922528-35-9
Année de publication : 
2003
Burns, Mike